Olivier Mathieu a vite répondu à « Billet d’humeur ». Mais il n’a pas eu le réflexe d’envoyer ses précisions en commentaire, inconvénient et avantage. Inconvénient, car nous n’eussions qu’à les reproduire en les mettant aux normes compographiques du site : guillemets français au lieu de guillemets anglais, pas de mot en capitales (éventuellement en gras), titres de publications en italique, accentuation des capitales. C’est à peu près tout, car Mathieu se fait point d’honneur d’éviter coquille. [En fait, il ne s’agissait pas d’un commentaire mais d’une correspondance privée.] Fan des dictées de Bernard Pivot, non seulement Mathieu spécule beaucoup (il a le temps), mais il dévore presse et imprimés. Dans leur version moderne plus que dans l’écriture de l’époque. De telle sorte qu’ancien et moyen françois lui sont peu familiers, même s’il raffole d’expressions d’autrefois, revues et corrigées par La Pléiade. De mère wallonne, Mathieu est de père boche, précision peu connue. [Tellement peu connue que Mathieu la qualifie de délirante. Mais il fut élevé par sa mère et aurait dit à Guionnet, il y a longtemps, que son père, qu’il n’a pas connu, était « allemand ». Sous toutes réserves, la mémoire de Guionnet ressemblant parfois au gruyère.] Il commence par dire : « Quelques pensées et précisions, au fil de la plume (du clavier). » Écrire du clavier entre parenthèses est typiquement boche. Mathieu veut montrer son sérieux en même temps que sa vocation littéraire (fil de la plume). Puis il est sentencieux. Il juge : « L’article de Guionnet montre que l’histoire de “Ciel mon mardi !” doit encore être écrite. On a beaucoup parlé de cette émission, mais que de choses pourraient encore être dites ! » C’est le littérateur qui parle, l’histoire étant selon lui roman perpétuellement à réécrire.
Mathieu poursuit : « Je me souviens très bien de mon arrivée, avec huit gardes du corps, et, par ailleurs, avec Guionnet (que je n’avais pas la faculté d’inviter, vu que c’est Dechavanne qui faisait les invitations). À l’entrée du studio, Guionnet et tous mes gardes du corps furent rejetés par les balèzes du service d’ordre de TF1. » On croit rêver. Guillotine a un tout autre souvenir. Il croit être arrivé au studio dans la Renault 5 rouge louée par Mathieu, en compagnie de Christine, amante de Mathieu, et de Marc, fonctionnaire de race bretonne. Guillotine croit se souvenir que Dechavanne avait autorisé Mathieu à inviter deux personnes. [Mathieu commente : « Guillotine se trompe », il a peut-être raison.] Guionnet pensait c’est Marc et moi, Christine ne compte pas, c’est une moitié comme on dit en français et en hongrois. Mais peut-être se trompait-il, car c’est Mathieu qui aurait décidé de faire entrer Marc et sa dulcinée sur le plateau, en laissant Guionnet au placard. Condition à laquelle le malheureux s’habitua en visitant les placards de Bois-d’Arcy, Nanterre et Fresnes dans les années qui suivirent. Aussi les huit gardes du corps du Führer du 6 février 1990 semblent imaginaires, Mathieu ayant toujours été solitaire. Mais Guionnet se méfie comme de la peste de sa mémoire. Il la sait peu fiable, raison pour laquelle il écrit l’histoire.
Puis Mathieu verse dans la théorie du complot. Il n’aurait pas été victime d’un seul groupe d’intrigants le 6 février 1990, mais de deux : l’affreuse coterie juive et le GUD. Il a en partie raison, eu égard aux remarques de Paul-Éric Blanrue sur le parti atlantiste de l’extrême-droite dans les années soixante et suivantes. Israël avait soutenu l’OAS, dont Jacques Soustelle, né Ben Soussan, fut un des inspirateurs. Puis, dans les années soixante-dix, l’extrême-droite française a semblé au service de l’ordre judéo-maçonnique, ce dont l’histoire de Minute est illustration. » [Mathieu soutient que l’histoire de Minute est connue de tous, mais cela n’empêche pas de l’évoquer. Quant à la référence à Blanrue, elle porte sur le mot atlantiste, qui lui est emprunté.]
Mathieu règle ensuite ses comptes aux gudards atlantistes, mais au nom de quoi et de qui ? Il commence par dire : « Avec la R5 sur les chapeaux de roue, nous avons passé quelques feux au rouge (je conduisais, Guionnet était à mon flanc, je me souviens qu’il hurlait très excité), nous avons “largué” l’Aigle à une station de métro (je suppose qu’il est rentré alors à Issy). [Supposition qui n’en est pas une, car Mathieu délivra Guionnet à Notre-Dame de Lorette, NDLR.] Voilà tout un passage de ce jour-là pour lequel Guionnet est donc un témoin. » Voilà comment Guionnet est ravalé par Mathieu au rang d’Élie Wiesel, grand « témoin » couronné par le prix Nobel, avant d’être escroqué par son coreligionnaire Bernard Madoff. Que Guillotine hurlât est en partie exagéré. Qu’il craignît pour sa vie en voyant Mathieu griller les feux rouges, à la « place du mort », est vrai.
Mathieu a tendance à faire de lui un héros. Après avoir largué le « volatile », il prit l’autoroute du Nord avec sa chérie, direction Bruxelles. Avant de se mettre à dos, un an plus tard, les soutiens qu’il avait dans l’extrême-droite belge francophone, Mathieu revint à Paris lendemain, après avoir reçu un coup de fil de Leforestier, guide de la librairie Ogmios. [Mathieu ne comprend pas le mot guide dans ce contexte. C’est pourtant simple, tout germaniste traduit guide par Führer, mot qu’il serait idiot de répéter continuellement.] Le but de l’opération était de porter plainte contre TF1 pour n’avoir pas assuré sa sécurité lors de l’émission et contre X pour « agression ». Leforestier promettait de payer Maître Éric Delcroix, avec de l’argent qu’il n’avait pas. Et Mathieu revint à Paris, le 7 février, où il fut reconnu dans le Marais (quelle idée de passer par là ?), avant d’être poursuivi par une meute déchaînée. Bloqué dans une rue par un camion de déménagement, Mathieu et sa dulcinée parvinrent à fuir en courant et à se réfugier au commissariat du neuvième arrondissement, dit trois points. [Mathieu ne comprend encore pas. Il a besoin qu’on lui explique les choses longuement, ainsi soit-il ! Le commissariat du neuvième arrondissement est celui de rue Cadet.] De là aussi Mathieu fut exterminé, le commissaire ne voulant rien entendre de la course-poursuite. [Mathieu ne comprend pas qu’il fut exterminé du commissariat à cause de ses lacunes en latin. C’est pourtant simple, il en fut chassé, banni.]
Mathieu a raison de taper sur l’extrême-droite atlantiste dont la figure de proue, ponctuelle et fugace, se nommait Ncolas Bonnal. Les gudards lui ordonnèrent avant l’émission de ne pas parler de révisionnisme, conformément à leur haute stratégie. [Mathieu sort de ses gonds en voyant le site qualifier Bonnal de figure de proue, mais c’est mauvaise stratégie de rabaisser systématiquement l’adversaire.] Mais Mathieu voulut jouer au camelot, mot nullement péjoratif à l’oreille du partisan d’Action française. Mathieu savait sa carrière journalistique à Minute compromise, en partie à cause de sa volubilité et de son attirance pour le ouï-dire. Il n’était toutefois pas seul le 6 février 1990. Il y avait une autre force en coulisse, qui croyait combattre au nom de la raison sans lui vouer un culte ; ayant autre boche (bouche en ancien françois) que celle du boche défroqué. Hélas ! la boche de Guillotine est souvent bâillonnée, à cause de ses mots tranchants. Non pas tant par le GUD, ou par ce qu’il en reste, que par Marine Le Pen. Non plus tant par le frangin, pourtant ennemi déclaré, que par le réviso, à commencer par celui du clan Faurisson. Enfin et surtout, autre temps autre mode, le site est mal aimé de l’antisioniste et redouté par l’église catholique romaine, qui rencontre d’énormes difficultés dans la gestion de son fonds de commerce antisémitique. [Mathieu récapitule : « Je ne sais pas quel commentaire apporter à tout ceci… Tout lecteur risque d’arriver à la conclusion que, te désignant, t’autodésignant comme une “force en coulisse”, tu aurais bien voulu te trouver sur le plateau… » Nenni, pas sur le plateau, mais dans la salle. « J’étais venu voir le spectacle, en te laissant la vedette », dit le tout petit guide.]