Dans Rivarol du 29 avril paraît papier de Laurent Blancy intitulé « Redressement des Magyars ». Le gars semble comprendre que la vie politique hongroise est incroyablement compliquée. Il essaye d’accentuer les voyelles hongroises mais n’y parvient qu’à moitié, comme Avraham Malthête. C’est bien qu’il fasse ce petit effort, mais il loupe Béla Kun et Pál Schmitt. Pourtant Béla est facile à écrire et à prononcer. C’est pareil en hongrois et en françois, à peu de chose près.
Blancy sait que la coterie frangyare l’observe. Elle est prête à lui pardonner ses bévues, pourvu qu’il écrive correctement Népszabadság la prochaine fois. Il est cependant souhaitable que le frangyar fasse entendre sa voix. En 2002, l’affreux Victor Urbain refusa le droit d’asile politique à Alain Guionnet en Hongrie, persécuté en France. Le salaud était marié à une juive, tandis que mère Christine Marvai, avocate guidesse de Jobbik, était mariée à un juif dont elle eut plusieurs enfants. Voilà la vérité, comme disait l’excellent commandant Poisson, qui combattit en Hongrie pendant la révolution de 1848-1849 contre la couronne d’Autriche et le tsar de toutes les Russies.
Poisson, qui guerroya aussi lors du siège de Paris par les pruscos en 1870-1871, peut être considéré comme précurseur du socialisme national. La recette est simple. Mettez un peu de magyaritude dans l’esprit du François, vous obtiendrez mélange explosif. Même si le chimiste Reynouard a du mal à comprendre.
Par-delà, Blancy hésite à condamner sévèrement les anciens apparatchiks. Il a raison, car ils ont contribué à la chute du mur de Berlin. Et puis l’ancien régime présentait l’avantage de ne pas être emmaçonné, contrairement à celui actuellement en place. C’est d’ailleurs l’imprégnation judéo-maçonnique de la société hongroise qui explique le vote de la cruelle loi antirévisote par le parlement hongrois lundi 22 février 2010.
Sic et resic ! Blancy parlant à tort de mars 2009. Non seulement il se plante d’année, mais aussi de mois ; en disant mars au lieu de février, il commet la même erreur que Jürgen Graf. Mais, vu les références de Blancy, il n’y a rien d’étonnant (International Herald Tribune, Corriere della sera, Junge Freiheit). Nonobstant, voici le texte de loi de février 2010 : « Quiconque outrage devant un large public la dignité du sacrifice de l’holocauste par un des moyens suivants, en niant la réalité de l’holocauste, en la mettant en doute ou en la faisant apparaître comme dénuée de signification, est passible d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison. »
Admirez le style, il ressemble aux textes de loi du régent Horthy, la notion de dignité étant capitale. Comme celle d’holocauste, mot enfin consacré par une loi européenne, ce qui n’était le cas ni en France ni en Germanie. En réalité cette loi a été votée pour ne pas être appliquée. Elle ne réprime pas les conversations, mais uniquement l’outrage porté devant un large public. Autrement dit, vu la façon dont Orbán compte soumettre la presse à son régime, aucun réviso n’aura jamais la possibilité de toucher large public en Hongrie. En outre, même le plus stupide des révisos ne soutiendra jamais que l’holocauste est dénué de signification.
Le texte hongrois se trouve dans « Vote du Pays magyar », du 11 avril 2010. Les conditions de son vote à la sauvette y sont évoquées ainsi que divers détails.
Cependant Graf et Blancy n’ont pas tort, car la loi réprimant la « négation de l’holocauste » est entrée en vigueur le 10 mars 2010, quand le président László Sólyom (Ladislas Faucon) l’a signée. Pratique étrangère au droit constitutionnel français. Si vous êtes franc, vous datez la loi du 22 février 2010, si vous êtes magyar du 10 mars 2010.
La traduction des patronymes est hors usage, mais la tentation était grande de dégommer le Faucon.
Du papier de Blancy on retiendra ses sources de seconde main, qui le poussent à répandre la confusion. Égaré, il achève son papier en évoquant la loi scélérate, dont il ne comprend pas pourquoi elle demeure en vigueur dans un pays dirigé par la droite nationale. Dans son désarroi, il cite les noms du roi Étienne et de Miklós Horthy, comme si l’histoire de Hongrie se résumait à ces deux hommes. Là encore il manque de cohérence, s’il parle d’Étienne au lieu d’István, autant qu’il évoque Nicolas Horthy. Même si, pendant la première guerre mondiale, les marins français disaient : « Attention à Horthy, qui s’y frotte s’y pique ! » en se fichant totalement de son prénom.